
Alors que je voyageais en bus du centre-ville de Varna vers une école secondaire française en banlieue pour ma recherche, l’autobus tourne un coin et je me retrouve face à un immense escalier au sommet duquel trône un impressionnant monument soviétique. Mon arrêt est juste à côté, devant l’école. Je la visite, et évidemment tout de suite après je me dirige vers le monument.
C’est le monument qui souligne l’amitié entre la Russie et la Bulgarie (Monument to the Bulgarian-Soviet Friendship). Pendant la guerre des Russes contre les Ottomans de 1828-1829, l’armée russe est venue en aide aux habitants de Varna tenus en siège. Le monument représente 4 soldats russes, au secours de trois femmes bulgares, qui présentent des cadeaux, du pain, un rose bulgare. Construit dans les années 1970, il devait représenter l’amitié qui unit les deux pays, sous la forme d’un oiseau déployant ses ailes. Pendant la période communiste, il semblerait qu’il était particulièrement impressionnant, illuminé et visible depuis les bateaux sur la mer Noire. Cependant, depuis 1989, il n’est plus entretenu et est couvert de graffitis.

Je savais avant de venir à Varna que ce monument existait, et qu’il était dans la région. Je ne pensais pas par contre avoir la chance de le voir, puisque étant donnée sa taille, que j’avais constatée par photos, je m’attendais à ce qu’il soit à l’écart de la ville, accessible seulement en voiture. Eh bien non, il est là, au cœur de la banlieue de Varna, sur une colline entre une école, une boulangerie (dont la clientèle semble exclusivement composée des étudiants), un boulevard et un bloc en construction. Du haut de la colline, la vue est superbe sur la mer et la ville.

Les opinions des habitants sont partagées. On m’en a parlé comme de « cet horrible truc soviétique ». De plus, pour beaucoup, ce monument rappelle des mauvais souvenirs de la période socialiste. À l’opposé, il y a en ce moment une vague de nostalgie qui secoue l’Europe de l’Est pour cette période justement, quand tout était « plus simple » (voir l’article sur la crise démographique). Coincé entre le désir de s’affranchir de l’influence soviétique et la nostalgie, le monument est maintenant à l’abandon, décrépi sans être détruit, et fait partie envers et contre tous du paysage de Varna.

Quand j’y suis allée, ça m’a rappelé la scène du film Rocky où il s’entraîne en montant un escalier en plein air. C’était un peu ça. En ce vendredi matin, des gens venaient y faire leur jogging, sans trop prêter attention au béton couvert de graffitis, simplement en profitant de l’effet cardio supplémentaire qu’offrent cet escalier démesuré (305 marches, larges de 15 mètres!).
Je suis d’accord avec toi sur la démesure de cet escalier. Trop de Beton. Ça aurait été mieux un beau sentier à travers les arbres au sortir duquel tu arriverais sur la sculpture.
Ce n’est visiblement pas la façon de faire de cette époque
Tu as eu de la chance que ton arrêt coïncide avec cet immense bloc de béton que tu voulais voir👌
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Moi c’est la démesure que je trouve belle haha
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