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Voici enfin ce sujet qui je pense était très attendu et intriguant. Je précise avant tout que chaque déporté a vécu son expérience différemment. Ce que je raconte ici est basé sur ce que j’ai vu au musée Vabamu et les témoignages que j’ai lus dans le livre Diaries of Deportation. Ce ne sont donc que quelques histoires parmi tant d’autres, ce n’est pas ce qui attendait tout le monde en Sibérie, mais ça donne une bonne idée générale de ce qui se passait et comment les gens l’ont vécu. Enfin, comme vous avez pu le voir depuis quelques articles, je ne peux pas vraiment illustrer avec mes propres photos, je n’ai encore jamais mis les pieds en Sibérie. C’est un projet pour dans plusieurs années! En attendant, je dois me fier sur d’autres photographes, et vous pouvez retrouver la source dans la légende des photos.

D’abord je dois parler de ce qui attendait les déportés du point de vue administratif, et les histoires plus personnelles iront au prochain article. Quand on entend « Gulag », on pense à un ou plusieurs de ces éléments:

-le drapeau soviétique rouge sang

-des baraques de bois dans les bancs de neige sibériens

-des prisonniers avec un boulet à leurs pieds qui cassent des roches

-des fusillades aléatoires

-des camps de concentration

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Alors je voulais commencer par expliquer c’est quoi un Gulag, parce que ce n’est pas exactement ce que notre imagination pense. La perception occidentale a été influencée par une cinquantaine d’années de spéculations à essayer de savoir ce qui se passait de l’autre côté du rideau de fer, et des similitudes entre les déportations soviétiques et les déportations nazies.

Les Gulags sont à la fois des prisons et des camps de travail, dans le sens que les prisonniers doivent travailler. Les Soviétiques, contrairement aux Nazis, ne voulaient pas gaspiller de la main d’oeuvre! Bon, ils ne la traitaient pas super bien, mais ils en avaient besoin pour exploiter les ressources naturelles de la Sibérie et l’industrialiser. Et comme ce n’est pas super invitant comme endroit, autant y mettre des prisonniers. Donc, les gens n’étaient pas emmenés là pour mourir (même si beaucoup sont morts à cause des conditions de vie difficiles), mais pour travailler. Cependant, on se doute que ce n’était pas du travail plaisant et encadré par une CNESST. Mais pour dire que ça n’a rien à voir avec les camps de concentration nazis. Il y a malheureusement eu de la torture, des gardes pervers, et des coups tirés dans des cas extrêmes, mais le but principal de ces camps était le travail manuel, dans les mines par exemple, ou dans la construction de villes autour des mines.

À part justement pour des cas très extrêmes de mesures disciplinaires, ce n’était pas nécessaire de retenir les déportés, avec des boulets, des clôtures ou des menaces de mort. Les gens eux-mêmes le disent, et j’en ai parlé dans l’article précédent sur la situation géographique des camps de travail: s’enfuir… pour aller où? Survivre comment? L’isolement et le climat étaient généralement suffisants pour faire la discipline.

Dans les années 40. Image prise du livre Gulag: Soviet prison camps and their legacy

Au début de ce procédé de colonisation de la Sibérie (début 1940), les ressources étaient effectivement limitées, donc les habitations pas très impressionnantes. Mais plus les gens arrivaient et construisaient, plus ça avait de l’allure. Dans les années 50, les gens arrivaient dans des vraies villages, beaucoup plus organisés, selon l’endroit.

Dans les faits, les Baltes, et autres « criminels » de l’Union Soviétique arrivent après plusieurs semaines de transport éprouvant et insalubre à des milliers de kilomètres de chez eux, dans un environnement complètement inconnu. Ils vont devoir affronter un climat extrême, des conditions de vie difficiles, la barrière de la langue, et l’administration soviétique. Mais surtout, ils ont faim, froid, peur. Ils ont perdu des proches, en chemin, ou parce qu’ils sont restés derrière. Ils ont des jeunes enfants à s’occuper, ou sont orphelins. Ils ont très peu de possessions, ils ne comprennent pas ce qui se passe et ce qui va leur arriver. Bref, psychologiquement et physiquement, ce n’est pas la meilleure des situations.

Selon les besoins industriels du moment, et la « gravité de leurs crimes », au moment d’être déportés, il recevaient une sentence. Disons par exemple, 10 ans dans les camps de travail de Sibérie, pour avoir assisté à une démonstration anti-soviétique. Les proches, pour être lié à cette personne, 8 ans. Ça ne niaisait pas!! Généralement, l’itinéraire passait par une prison, à l’entrée de la Sibérie. Le séjour variait entre quelques semaines et plusieurs mois. Ça laissait le temps à l’administration de prévoir les déplacements, en fonction des lieux de travail qui avaient besoin de travailleurs. Puis, les déportés repartaient, ce qui implique un autre transport, tout aussi difficile. C’était aussi un autre moment où des familles pouvaient être séparées. Souvent, mais pas systématiquement, les hommes étaient transportés vers les travaux plus physiques, comme les mines, tandis que les femmes et enfants vers des « travaux plus légers » style agriculture. Les gens pouvaient passer le reste de leur peine dans leur lieu de travail assigné, ou être promenés selon les besoins. À chaque fois, c’est une nouvelle adaptation.

On verra dans les histoires du prochain article comment c’était dur pour le moral, mais le contexte particuliers des déportations soviétiques n’était heureusement pas complètement noir.

4 commentaires »

  1. Ils devaient être très forts et fortes physiquement et psychologiquement pour passer au travers. La soumission rien d’autre pour survivre nous pas de soumission, la grève finalement qui change pas beaucoup les choses mais on a du pouvoir heureusement même si il n’est pas toujours bien utilisé.

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