Une conférence de plus, cette fois sur un sujet spécifique, les IDP (internally displaced people), toujours organisée par l’Association for the Study of Nationalities, liée au département de Ukrainian Studies de l’Université d’Ottawa. Ça m’intéressait parce que j’ai déjà eu des cours qui traitaient de ce sujet. En fait, chaque fois qu’il y a eu des conflits dans l’histoire de l’humanité, il y a eu des populations déplacées, donc en étudiant l’histoire de l’Europe, j’en ai vues beaucoup passer. Ce sont des gens qui fuient la guerre, qui se sauvent, par exemple des Juifs d’Europe qui ont immigré ailleurs pour se sauver des Nazis, ou encore, des populations qui se « font déplacer ». Dans le cas de conflits à propos de frontières, par exemple pendant les guerres de Balkans au début des années 1900, des nouvelles frontières entre les pays étaient tracées, ce qui faisaient que des populations grecques se retrouvaient sur le nouveau territoire de la Turquie, et inversement. Il y a donc eu un échange de population pour rendre les pays plus homogènes. Des milliers de Grecs ont dû quitter leur village maintenant en Turquie pour recommencer leur vie à zéro en Grèce, et pareillement pour des Turcs.
Peu importe la raison, devoir quitter son chez-soi par nécessité ou par force est une expérience plutôt traumatisante… et c’est ce qui se passe en ce moment en Ukraine. Les Ukrainiens fuient les zones bombardées. Par contre, ce n’est pas nouveau de février. Depuis 2014, à cause des conflits dans l’est du pays et la Crimée, il est estimé que 1,6 millions de personnes (sur une population de 44,1 millions) étaient déjà des IDP. C’est-à-dire qu’elles ont dû être relocalisées dans d’autres villes pour leur sécurité. Mais maintenant, depuis le 24 février, 18 millions (soit 40% de la population de l’Ukraine) sont affectés, dont 12 millions qui nécessitent de l’aide médicale. C’est ÉNORME. La conférence d’aujourd’hui voulait examiner les raisons de se déplacer en Ukraine versus quitter l’Ukraine, et les difficultés logistiques liées aux déplacements.

Alors déjà, c’est très compliqué d’avoir des chiffres pour faire des études sur les IDP parce qu’il faut bien les définir. Il y a des gens qui ont perdu leur maison et qui n’ont pas littéralement pas le choix d’aller vivre ailleurs, et ceux qui partent par prévention. Ils pourraient en théorie revenir chez eux plus tard. Est-ce que ce sont donc deux catégories distinctes? Puis, il y a ceux qui changent de ville, et ceux qui restent dans la même ville, mais changent de quartier. À partir de combien de kilomètres s’agit-il d’un déplacement qui peut être comptabilisé? Puis, il y a ceux qui quittent carrément l’Ukraine. Ce n’est plus en théorie un déplacement interne. Mais ils font un séjour dans des camps de réfugiés aux frontières. Et il y a ceux qui font des allers-retours pour chercher des membres de leur famille. Donc, c’est difficile d’établir des critères pour encadrer les statistiques. Ensuite, il y a en plus le côté aléatoire humain qui fait que c’est compliqué d’enregistrer les gens. Certains n’ont pas de passeport. Certains n’ont pas la citoyenneté ukrainienne (par exemple, des Roms). Donc, les chiffres sur les déplacements à l’intérieur de l’Ukraine, et sur les immigrations, c’est assez approximatif.
Pour le côté de la logistique maintenant, c’est compliqué aussi. Le pays doit continuer à être approvisionné en essence pour que les transports fonctionnent. Certaines routes sont bloquées. Des gens doivent marcher. Et comme ceux qui peuvent quitter l’Ukraine sont les femmes, les enfants et les personnes âgées, ça ne se fait pas facilement. Un point disons positif est que depuis 2014, les Ukrainiens ne pouvaient pas quitter avec le statut de réfugiés, maintenant ils peuvent et sont accueillis comme on voit beaucoup dans les nouvelles dans des refuges en Roumanie, Moldavie, Hongrie, Slovaquie et Pologne. D’autre pays qui ne sont pas limitrophes les reçoivent aussi.
Par contre, il semblerait que quitter l’Ukraine ne semble plus être le choix le plus évident… D’abord parce que c’est compliqué dans la logistique. Ensuite, parce que même si les gens réussissent à se rendre aux frontières, ils doivent attendre en file pendant des heures dans le froid… pour être accueillis dans des refuges complètement débordés, où il n’y a pas assez d’espace et de matériel. Les gens n’ont pas nécessairement réussi à apporter leurs papiers d’identification, ou n’en ont simplement pas, ce qui complique le processus. En plus, la proximité donne lieu à des éclosions de Covid. Alors… il y a maintenant ce phénomène où les gens retournent en Ukraine et vont simplement dans une ville plus sécuritaire que leur point de départ. Ils n’ont pas besoin de papier, et se comprennent entre eux. Mais tous ces déplacements et cette survie dans des endroits qui manquent de médicaments et de nourriture ne sont pas évidents… Les gens ne travaillent plus, donc n’ont plus de salaire. Ils doivent survivre avec l’argent physique qu’ils ont sur eux, et aujourd’hui ce n’est plus très courant de se promener avec des grosses sommes… et en plus ça fait qu’il y a des vols. Bref, c’est une grosse crise humanitaire. Et voilà pourquoi ça devient pertinent de participer à des collectes de matériel.
Mais à travers tout ça, il y a un espoir. Des panélistes disaient qu’une des raisons pourquoi des Ukrainiens choisissent de rester dans le pays, ou de revenir, c’est parce qu’ils croient que la guerre ne durera pas longtemps. En espérant fortement que ce sera le cas…
A voir toute cette foule sur les quais on peut penser que la COVID s’en donne à cœur joie, la faim, la soif, les bébés , l’impuissance il y en a sûrement qui auront de la difficulté à s’en sortir. Rester ou partir dans les deux cas SOUFFRANCE. Ça prend une grande force et beaucoup d’optimisme.
J’aimeJ’aime
Quelle misère inutile. Il y aura tellement de cicatrices entre les Ukrainiens et leurs frères Russes dans bien des cas.
Il y aura un grand boom économique avec la reconstruction. L’Ukraine sera la gagnante.
J’aimeJ’aime
Je fais un test
J’aimeJ’aime
Test réussi
J’aimeJ’aime