J’ai assisté à une autre conférence aujourd’hui (Voices from Ukraine Under Siege) à laquelle j’avais particulièrement hâte parce que contrairement aux autres, et contrairement à beaucoup des informations qu’on reçoit, cette fois, tous les panélistes étaient Ukrainiens, et se trouvent en Ukraine présentement. Personne ne peut mieux décrire la situation qu’eux-mêmes! Ce sont en plus des chercheurs, des universitaires spécialisés dans l’étude de l’identité ukrainienne, dans l’analyse des médias et de la propagande, dans l’économie. Bref, des domaines particulièrement évoqués dans ce conflit! Ça a été extrêmement intéressant, et j’ai pris des notes qui vont s’ajouter à celles de la semaine dernière pour aborder le sujet en points séparés. Comme une de celles à laquelle j’ai assisté la semaine dernière, la conférence était organisée par l’Association for the Study of Nationalities, liée au département de Ukrainian Studies de l’Université d’Ottawa. Je les remercie d’ailleurs de travailler pour organiser ces événements à la dernière minute pour permettre de mieux comprendre ce qui se passe. Comme je ne suis allée ni en Ukraine ni en Russie, je n’ai évidemment pas de photos personnelles, mais comme les panélistes parlaient d’endroits précis, j’ai choisi d’illustrer cet article avec des photos des villes dont il est question, mais des belles photos, pour souligner leur beauté.

Avant de parler de leur domaine, les panélistes ont commencé par raconter un peu ce qui se passe chez eux, et j’ai trouvé ça très pertinent. Je vais en parler avant de repartir sur des concepts plus généraux comme celui de la Russie imaginaire. Déjà, la rencontre était sur Zoom, alors on voyait qu’ils n’était pas tous confortablement installés dans un bureau. Il y avait des coupures de courant et des réseaux Internet vacillants. L’un d’eux a même précisé qu’il était dans sa douche, la salle de bain faisant office de « semi-bunkers » au cas où, entre les moments passés dans les « vrais » bunkers, au sous-sol ou dans le métro. Il habite à Kiev, qui est, selon ses dires, relativement sécuritaire présentement. Dans les premiers jours du conflit, elle était particulièrement ciblée, mais maintenant ça va mieux parce qu’elle est protégée, et qu’une chaîne d’approvisionnement en nourriture et médicaments se rend.
Ce n’est pas le cas de la ville de Kherson, au sud de l’Ukraine, juste en haut de la Crimée. L’une des panélistes y était présentement. Les troupes russes l’ont isolée et bloquent les véhicules qui tenteraient d’apporter du matériel pour aider, suite aux bombardements. On voit beaucoup de publicités et d’appels pour envoyer argent et vivres en Ukraine, et il semblerait que ça se rend bien à certains endroits comme Kiev, mais d’autres villes ne peuvent malheureusement pas en profiter…

Une autre panéliste réside à Kharkiv, une ville à l’Est tout près de la frontière avec la Russie. Depuis l’annexation de la Crimée et les conflits dans les régions de l’Est de Donetsk et Luhansk en 2014, c’était une cible particulièrement convoitée à cause de la grande majorité de la population qui est russophone (j’en reparlerai). Dans ce nouveau conflit qui est pas mal en fait une continuation de 2014, simplement, ça reste une ville ciblée, devenue très endommagée. Il y a beaucoup de bombardements, par exemple, l’université où l’une des panélistes travaille a été touchée. Les panélistes employaient le terme de « crise humanitaire » pour décrire le résultat de tous ces gens qui se retrouvent sans logement, et coupés de nourriture et de médicaments à cause des routes bloquées.

Enfin, pour terminer sur les points de la vie quotidienne, un des panélistes qui travaille pour une banque expliquait que en temps de guerre, pour éviter que l’ennemi ne puisse mettre la main sur l’argent « physique », il faut le brûler comme mesure d’urgence! J’ai trouvé ça intéressant parce que ça montre tout le côté logistique qu’entraîne une guerre, en-dehors de ce qu’on voit principalement dans les zones de combat disons. L’économie s’effondre, et les banques doivent pouvoir continuer de fonctionner et protéger leurs opérations comme verser des pensions. En plus, comme il y a une dimension économique à ce conflit, entre autres avec les sanctions imposées à la Russie, c’est pertinent de voir toute la gestion qu’il doit y avoir derrière.
Bref, j’ai beaucoup apprécié d’avoir la chance d’entendre des Ukrainiens se prononcer sur ce qui se passe chez eux. Ce n’était qu’une petite présentation générale, et dans les prochains jours, en me basant sur les arguments des panélistes des trois dernière conférences (et peut-être plus, si ça continue comme ça!), je parlerai plus en détails des aspects impliqués, comme l’identité ukrainienne, les tensions linguistiques et les hypothèses sur les issues possibles.
Ça doit tellement être terrifiant pour eux.
J’espère un jour qu’on pourra visiter une Ukraine libre !
Francis
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C’était déjà un pays avec beaucoup d’histoire de guerre, là il va rester des traces encore plus récentes…
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Ce doit être épouvantable ils sont de plus en plus coincés ils sont courageux. Ce doit être effrayant pour les parents avec leurs bébés dans les bras. Combien de temps pour tout reconstruire? Triste
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Un peu en lien avec ça, des mères polonaises laissent des poussettes aux endroits où les réfugiés Ukrainiennes arrivent pour leur bébé… parce qu’on s’entend que se déplacer avec une poussette c’est pas ce qu’il y a de plus pratique!
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