L’une de mes missions en Bulgarie, à part avancer dans mes recherches et voir des blocs, était de ramener de la laine. Rien de compliqué en apparence, mais moi + Bulgarie = compliqué.
D’abord, deux faits importants: en Bulgarie, surtout dans les petites villes, mais même dans la capitale, beaucoup de magasins ne prennent pas de carte, seulement de l’argent comptant. Et les cartes des villes ne sont pas parfaitement représentatives de la réalité, dans le sens qu’elles ne montrent pas les ruelles et les passages sous-terrains qui font office de raccourcis.
Sachant cela, mais sans pouvoir connaître d’avance ces fameux raccourcis, je m’étais rendue au magasin de laine par le chemin long, recommandé par mon GPS. Chemin correct, puisqu’il m’a menée au magasin, mais très long, puisque pour passer sur les rues « connues » du GPS, j’ai fait un long détour pour contourner un pâté du blocs. C’est une fois arrivée que j’ai pu constater que ça aurait été beaucoup plus simple de passer par le réseau de chemins piéton créés par des milliers de pas pressés, à l’intérieur du pâté. Mais j’aurai l’occasion de les emprunter plus tard.
J’entre dans le magasins, j’attends que mes lunettes débuent, et je choisis une balle de laine. J’arrive pour payer. En arrivant à l’aéroport, j’avais retiré de l’argent. Mais le voyage tirait maintenant sur sa fin, et je n’avais pas pensé à vérifier dans mon porte-monnaie ce qu’il me restait. Et il ne me restait que de la monnaie, pas assez pour me rendre au montant demandé. Ou en fait peut-être, mais ça aurait été long de repêcher tous les 10 stotinki (sous) que j’avais accumulés. Et évidemment, c’est l’un des magasins qui n’accepte pas la carte.
Donc, pas le choix, je demande de garder ma balle de côté (un autre moment de superbe élocution, J’ai carte seulement, s’il vous plaît attendez, je vais retirer argent), et je pars à la recherche d’un guichet. Rien dans la petite ruelle du magasin, mais en prenant un chemin de piétons, je tombe sur un boulevard (un bon raccourci!) et au loin, une grosse bâtisse avec l’enseigne d’une banque, la banque avec laquelle j’étais lorsque j’habitais en Bulgarie, donc qui m’inspire confiance. Cette bâtisse est assez loin, de l’autre côté (moi à gauche, lui à droite) du boulevard, et de l’autre côté d’un carrefour avec lumières.
En Bulgarie, bien qu’il y ait des lumières de piétons, c’est très fréquent que les gens traversent n’importe où les rues. Probablement parce que les piétons ont réellement la priorité, et ce n’est pas une inquiétude, les autos vont les laisser passer. Sauf que le boulevard en question est très passant, et les planificateurs urbains ont dû se dire que ça serait trop dangereux de ne pas tenir compte de cette possibilité. Il y a donc une clôture de chaque bord du boulevard, ainsi qu’un terre-plein au centre, clôturé lui aussi. Bon, ce n’est pas impossible de les enjamber, mais on comprend le message.
Mon idée est donc de marcher sur mon côté du boulevard jusqu’aux lumières, pour ensuite traverser les deux intersections du carrefour (d’abord en traversant la rue qui croise perpendiculairement le boulevard, puis en traversant le boulevard lui-même) qui me mèneront à la banque. Je longe donc le trottoir clôturé pendant plusieurs minutes. Mais arrivée au carrefour… la clôture continue! Et il n’y a pas de lumière pour les piétons! Ça semble être un carrefour exclusivement réservé aux véhicules. Et ça génère en moi beaucoup de frustration envers les planificateurs urbains de Sofia. Mais quelle idée de forcer les piétons à faire des détours simplement pour traverser une rue, où il y a déjà des lumières! Rendue là, j’ai pensé juste abandonner et ne pas retourner au magasin, mais j’avais déjà beaucoup marché, je ne voulais pas que ça soit en vain.
Je dois donc continuer à suivre la clôture, et marcher pendant encore quelques minutes, à l’opposé de la banque convoitée, avant d’arriver à une brèche où une lumière de piétons me permet de traverser. Et je reviens sur mes pas, cette fois de l’autre côté de la rue, pour me retrouver face à la banque. Et là, même problème, c’est toujours clôturé, je dois encore marcher plus loin pour me rendre à une traverse, revenir sur mes pas, enfin du bon côté pour pouvoir entrer dans la banque.

Je retire de l’argent, et en sortant de la bâtisse, je tombe nez-à-nez avec… une entrée de métro. Que je n’avais pas vue avant. En fait, sur les bords de ce boulevard, il y a deux trottoirs. Celui clôturé qui longe le boulevard, et qui ne sert manifestement à rien sauf à marcher pour le plaisir, puisque c’est impossible de traverser là. Et un plus proche des bâtisses… où des entrées de métro sont disposées. Concentrée sur la banque et sur le mauvais trottoir, je ne les avais pas vues. Ces entrées de métro servent évidemment à aller prendre le métro, mais ce sont aussi des entrées pour des passages sous-terrains… qui permettent de traverser des rues par en-dessous. Bref, j’ai marché pendant une vingtaine de minutes dans tous les sens pour rien, j’aurais juste pu traverser le carrefour en passant par le métro.
Je prends ce chemin pour le retour, en me disant que finalement les planificateurs urbains ne sont pas si fous. Même si je suis partie anormalement longtemps, ma balle de laine m’attendait, j’ai pu payer avec un billet fraîchement retiré, et j’ai accompli ma mission!
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? En te suivant je me suis perdue moi-même dans ton parcours, mais ce n’est pas grave, je suis revenue chez moi! De quelle couleur est la laine que tu as achetée, finalement???
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Aux couleurs de la Bulgarie, blanc rouge et vert!
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Vaut sûrement mieux être une Sofiatonoise pure laine pour connaître tous les bons raccourcis 😏
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Hahahahahaha je ne l’avais pas vue venir!!
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J’espère qu’après tout ce long périple tu as acheté plusieurs balles de laine au cas où ils en manqueraient pour les besoins de la cause. Vraiment débrouillarde.
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2 balles, c’était ce qui prenait le plus de place dans ma valise!
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