Je vous l’annonce avec émotion, c’est la dernière section de l’histoire des déportations estoniennes! Encore une fois aujourd’hui, c’est plutôt un sujet connexe, dans une autre salle du musée Vabamu: des arbres peinturés sur les murs, et un écran qui présente aussi des témoignages.
Cette appellation des « Frères de la forêt », c’est à la fois pour souligner l’importance de la forêt sur le territoire de l’Estonie (plus de 50% du petit territoire en est couvert); et littéralement pour désigner les gens, principalement des hommes, qui vivaient dans les forêts.

Au départ, sont des anciens soldats ou politiciens connus (donc surtout des hommes), très activement recherchés par les autorités soviétiques puisqu’ils représentaient un gros risque de rébellion pour le pouvoir en place. Pour diverses raisons, ils n’avaient pas pu s’enfuir par bateau comme on a vu hier. L’option qui leur restait était de se cacher en forêt, pour éviter de mettre en danger des gens qui les cacheraient chez eux.
Puis, c’est devenu un mouvement de résistance anti-soviétique. 14 000 Estoniens, 22 000 Lettons et 30 000 Lituaniens ont pris part à ce mouvement de résistance dont le but était de libérer leur pays des forces soviétiques par des guérillas. Ils survivaient en se cachant dans les forêts qu’ils connaissaient bien, et passaient à travers l’hiver grâce à des bunkers et tunnels sous la terre. Ils avaient des réseaux de contacts et recevaient par exemple de la nourriture de fermiers près des forêts, des vêtements ou des médicaments. Il y avait donc énormément de personnes impliquées dans ce mouvement qui était une menace directe pour le régime communiste. Tous ceux qui étaient soupçonnés avoir un lien de près ou de loin avec les Frères de la forêt étaient arrêtés et déportés. Et évidemment, tous les Frères de la forêt capturés étaient exécutés ou déportés aussi. Le guide qui nous accompagne pour la visite du musée nous demande aussi, est-ce qu’on aurait été prêt à dénoncer pour survivre?

De 1944 jusqu’au début des années 1960, les Frères de la forêt ont tenté de faire regagner l’indépendance à leurs pays en menant des attaques isolées sur les troupes soviétiques. Ce qui est intéressant, c’est que c’est devenu un mouvement connu à l’internationale, et ils ont réussi à recevoir de l’aide (matérielle, comme des armes) des gouvernements britanniques et américains! Ça n’a malheureusement pas fonctionné. Les témoignages racontent qu’éventuellement, les conditions de vie trop difficiles et les pertes importantes (la majorité n’avait pas de formation militaire) en ont mené plusieurs à se rendre, beaucoup ont été capturés. La propagande soviétique dans la population a fait que les citoyens étaient devenus méfiants de ce mouvement et préféraient ne plus s’y mêler. Vers 1960, il ne restait plus de résistance en tant que tel, même si certains ont préféré rester vivre dans la forêt pour éviter le contrôle soviétique. Par exemple, le dernier frère de la forêt connu en Estonie est August Sabbe, qui a réussi à se cacher jusqu’en 1978. Il est mort noyé en tentant d’échapper aux autorités qui l’avaient découvert.
Dans les dernières années, des documentaires, des films et des livres ont pu redorer le blason de cette organisation militante pour la liberté des pays baltes, et les témoignages rapportés par le musée en font partie. Des mémoriaux dans les forêts sur des arbres ou des anciens bunkers retrouvés soulignent leurs actions pour leurs pays.

Ha! Je suis là première
Je comprends que tu le racontes avec beaucoup d’émotions, de l’avoir visualisé et l’entendre raconter rend encore plus vivant tout ce qu’ils ont pu ressentir. A la question du guide nous qu’est-ce qu’on ferait?… Eux qu’est-ce qu’on fait…dramatique
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Au final, beaucoup sont morts ou ont été déportés dans la résistance anti-soviétique, au départ la motivation était là, avec le temps, c’est devenu plus dangereux…
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