
Poursuivons en Sibérie avec notre guide, la petite Estonienne. Le camp où elle et sa famille viennent d’arriver est destiné à l’exploitation d’une mine de sel. Toutes les personnes en âge de travailler y passent leur journée. Ils reçoivent une ration de nourriture le matin, et une le soir, s’ils ont rempli leur quota. Les enfants, qui ne travaillent pas, ne reçoivent pas de nourriture, et dépendent des adultes de leur entourage. La faim et la nourriture semblent être le principal sujet de discussion.
Une des Estoniennes de la baraque explique à la petite fille où aller se soulager et lui recommande de ne pas laisser ses frères y aller seuls, puisque ça se trouve en retrait du camp. Elle lui parle des responsables à éviter pour ne pas être punie, et lui montre où se trouve l’école. Elle pourra y amener ses frères avec elle. Ils ont de la chance, parce que l’école est construite seulement depuis très récemment. La petite fille est contente à l’idée de pouvoir continuer à apprendre. Elle profite de la discussion pour demander où pourrait être son père. La dame lui explique qu’il a probablement été emmené avec beaucoup d’autres hommes, dans une prison, en Sibérie aussi, mais très loin. Ils sont chanceux aussi de ne pas s’être retrouvé là. Le travail dans les prisons est beaucoup plus pénible, et il n’y a pas d’école. La petite fille ne réalise pas encore la taille de la Sibérie.
Sa première journée d’école est un choc, parce que les cours sont en russe. Elle a honte d’être placée dans une classe avec des enfants plus jeunes qu’elle, pour apprendre le russe et se mettre à niveau. Au début, d’autres Estoniens l’aident à comprendre. Dans les cours, les enfants parlent un mélange de russe et de leur langue maternelle. La maîtresse d’école est très douce et compréhensive, mais elle ne restera pas longtemps. La petite fille est déçue lorsqu’un jour, elle disparaît, et c’est une femme beaucoup plus sévère et grise qui la remplace. Personne ne sait ce qui est arrivé à la gentille maîtresse. En grandissant, la petite fille supposera qu’elle a fait quelque chose qui a déplu aux autorités soviétiques. Même en Sibérie, personne n’est à l’abri.
Les petits frères apprennent très vite le russe, surtout le plus jeune, qui parlait à peine au moment de leur départ. Il ne comprend pas sa mère lorsqu’elle lui parle en estonien. La mère va travailler tous les jours avec les autres adultes dans la mine de sel. Sa fille la trouve éteinte. Elle donne sa ration du soir à ses enfants, et refuse souvent de manger. Elle finit par tomber malade, mais continue quand même à aller travailler pour nourrir ses enfants, jusqu’au jour où elle n’a plus la force de se lever. Le responsable qui passe chaque matin entre les baraques, pour rassembler les travailleurs et les escorter, entre et tente de la lever de force. Il finit par abandonner, et lui dit qu’elle n’aura donc pas ses rations tant qu’elle ne retournera pas travailler. Certains adultes de la baraque compenseront en donnant de leur nourriture à ses enfants, d’autres garderont jalousement leur pain. La petite fille apprend rapidement que c’est dans les situations les plus dures que le vrai caractère des gens ressort. Elle se souviendra plus tard de la générosité, comme de l’avarice qu’elle aura côtoyée, sans pouvoir la blâmer.
Le lendemain, le responsable revient, et veut de nouveau que la mère aille travailler. La petite fille s’interpose, reçoit un coup de bâton au visage. Quand elle ne réveille, il est parti. La mère meurt quelques jours plus tard. La petite fille pense que c’est le chagrin du départ dont elle ne s’est jamais remise qui l’a tuée. Les habitants de la baraque et d’autres gens de qui ils se sont rapprochés organisent une petite cérémonie. Les Estoniens présents chantent une chanson. Malgré sa tristesse, la petite fille aime la sensation de défier l’autorité et de chanter un chant de chez elle, et sait que ça ferait plaisir à sa mère.

Le Russe responsable de la baraque doit aller déclarer le décès. Les enfants n’auront définitivement plus accès à de la nourriture. La petite fille doit trouver une façon de subvenir seule à ses besoins et ceux de ses frères.
La suite demain!
Je pensais bien que les hommes travaillaient à la mine mais les femmes? C’était sûrement pas plus drôle elle n’a pas été la seule à en mourir. À suivre… Petit commentaire la photo de la mine est belle comme tu dis la couleur fait du bien.
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Oui les femmes aussi faisaient du travail physique! J’imagine qu’un des seuls points positifs des gulags c’est qu’il n’y avait pas de discrimination…
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