
Je voulais faire ce focus sur cette vague de déportation particulièrement marquante, avant de nous rendre au point d’arrivée, la Sibérie. Entre 1940 et 1953, il y a eu plusieurs « vagues », il y avait des années où il n’y avait que quelques départs de trains, et des moments où c’était beaucoup plus intense. L’opération Priboi a retenu mon attention parce que ça a dû être un énorme travail d’organisation, et les chiffres sont difficiles à croire. Cependant, c’en est malheureusement une parmi tant d’autres, donc c’est un exemple de comment les déportations fonctionnaient au niveau administratif. Petite anecdote, « Priboi » signifie justement vague de surf!
Pour y aller simplement, entre le 25 mars et le 29 mars 1949 (seulement 5 jours), plus de 90 000 Baltes ont été déportés vers la Sibérie, soit environ 20 000 Estoniens, 40 000 Lettons et 25 000 Lituaniens. Pour bien se le représenter, plus de 90 000 personnes, c’est environ la totalité des habitants de la région Côte-Nord au Québec. Imaginez qu’en 5 jours, il n’y ait plus personne! En-dehors de l’aspect émotionnel, c’est dur de concevoir la quantité de trains, de valises, de listes, de dirigeants et d’agents impliqués là-dedans. Allons voir un peu les coulisses.
On se rappelle, en 1949, l’Union Soviétique a repris le contrôle de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, impose le communisme et tente d’écarter tous ceux qui pourraient poser problème. Personne n’est à l’abri d’être arrêté, emprisonné et/ou déporté. Et en parallèle de ces vagues de déportations, des Russes sont encouragés à immigrer, le but étant de réduire la proportion des Baltes dans leurs pays. En devenant éventuellement minoritaire, ils ne pourront pas se soulever ou créer une importante opposition, et s’intègreront mieux, pense l’Union Soviétique.
Mais pourquoi une si grosse opération, pourquoi tant de personnes d’un coup? L’instauration du communisme a repris en 1945. Rendu en 1949, les résultats n’étaient pas à la hauteur des attentes de Staline. Il fallait se débarrasser une bonne fois pour toutes des obstacles à l’abolition des classes sociales et des mouvements de résistance contre la soviétisation. C’était aussi une mesure d’intimidation pour ceux qui voulaient s’opposer au pouvoir de l’Union Soviétique.
La préparation de l’opération Priboi commence en janvier 1949, quand Staline signe un décret qui condamne 27 000 familles à être déportées (ce qui monte à presque 90 000 individus). Puisque c’était planifié, ils appartiennent pour la majorité à 3 catégories qu’on a déjà vues et qui peuvent poser le plus de risques pour l’instauration du régime communiste: les kulaks, les civils (et leurs proches) qui participent à des activités de résistance, et les « Frères de la forêt », une organisation résistante armée dont je reparlerai plus tard. L’une des particularités de cette opération, comme on l’a aussi vu, c’est que la plupart des déportés étaient des femmes et des enfants, puisque beaucoup des hommes étaient plutôt emprisonnés ou exécutés. Certains avaient aussi réussi à se cacher, on le reverra dans un article sur les Frères de la forêt.
L’opération Priboi a été préparée et tenue secrète jusqu’au dernier instant, pour éviter que des gens puissent s’alerter entre eux, s’enfuir ou se préparer à résister. Cependant, comme pour toutes confidences, il y a eu des fuites d’information. Mais surtout, l’augmentation de la surveillance et de la sécurité dans les jours avant, particulièrement dans les plus petites localités, a éveillé les soupçons et a permis à plusieurs de se sauver. J’en reparlerai plus tard aussi! Mais bref, ça n’a pas été une si grosse surprise quand, dans la nuit du 24 au 25 mars, des soldats faisaient irruption dans des maisons.
En théorie, l’opération aurait dû être plus rapide, mais vu que justement ça s’est un peu su, ça a pris plus de temps aux autorité pour chercher et retrouver tous ceux qui étaient sur leurs listes. Au final, l’opération n’a pas exactement été un succès. Par exemple, en Estonie, seulement 92% des noms sur les listes ont pu être cochés. Cependant, plus que 90 000 Estonie, Lettons et Lituaniens sont montés à bord des trains, donc plus que le nombre initialement prévu. On suppose que se sont des personnes qui ont causé du trouble sur le coup qui ont été rajoutés.
Beaucoup des personnes déportées l’ont été sur la base de motifs boiteux, et la plupart ne reverront pas leur pays natal. Les déportations étaient de la discrimination en soit, mais inclusives dans leurs effectifs: hommes, femmes, enfants, bébés, personnes âgés, handicapés, prenaient place dans les trains.
L’opération Priboi est aujourd’hui soulignée dans les 3 pays. Des mémoriaux, des musées (comme le Vabamu), des livres permettent de retracer ces événements (les déportations de mars 1949, et toutes les autres) et de rendre hommage aux victimes.
J’ai lu ce matin dans La Presse Plus que le projet de l’imposition fiscale MONDIAL serait de 15% , l’Inde, la Chine, l’Estonie et la Pologne subissent la pression ils prétendent que ça nuirait pour recevoir des investisseurs. Une autre recherche plus poussée pour toi peut-être?🤯
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Quand je vais enfin pouvoir me diriger vers autre chose, ça serait intéressant, surtout que j’ai vu comme l’Estonie est attirante pour les investisseurs étrangers!
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Vague de surf…tellement cynique! C’est fou tout ce qu’on ignore sur cette époque noire en Europe. On prend les droits humains pour acquis et normaux alors qu’ils sont constamment bafoués à toutes les époques et dans beaucoup de pays.
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Il y a avait beaucoup de ressources consacrées à ce que ça soit secret…
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Est-ce qu’il y a de la documentation sur la façon de vivre de ceux qui restaient dans leurs pays pour différentes raisons et qui devaient continuer à fonctionner au quotidien malgré un tel dérangement ? Ça m’intrigue beaucoup, maintenant que tu nous engages dans cette vague!
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Bon point, je vais en parler aussi après le focus sur les déportés!
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Encore une fois …. ce que l’être humain peut être désagréable et cruel vis-à-vis ses pairs pour imposer ses croyances. 😦
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Rendu là c’était plus pour imposer de la terreur simplement
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