Une fin de semaine plutôt émotionnelle pour moi vient de se finir, avec les deux galas du samedi et dimanche soir, ce qui marquait ma dernière performance sur scène. Ça a été évidemment un immense plaisir de pouvoir répéter et performer sur cette magnifique scène, et, comme cet opéra a pendant longtemps fait partie de l’Union Soviétique, c’était encore plus spécial pour moi.

Le gala était composé de plusieurs numéros de danse classique, contemporaine et de caractère. Le numéro de mon groupe, comme j’en ai déjà parlé, était une création contemporaine sur le thème des déportations. Ça se dansait pieds nus… ce qui crée d’autres problèmes par rapport aux pointes. Après 3 semaines intensives, j’avais plusieurs ampoules dont des fraîches, alors ça ne faisait pas vraiment du bien de par exemple tourner dessus… surtout que là, impossible de mettre de pansement, ils partent tout seul au bout de quelques minutes de frottement avec le sol. Le plancher aussi est très collant au contact de la peau, alors par exemple pour tourner, il faut donner beaucoup plus d’élan qu’en chaussons. Plein de petits ajustements comme ça qui faisaient de cette danse un défi. Mais le fait d’être pieds nus collait bien avec le contexte fête païenne estonienne.

La musique a été un autre défi. Comme c’est une chanson sous forme d’une longue litanie qui se répète inlassablement, il faut être extrêmement attentif aux comptes, parce qu’il n’y a pas par exemple de refrain ou de changement de rythme pour se repérer.

On a donc répété de nombreuses fois, pendant toute la durée du stage, puis aux répétitions générales sur scène. Les journées commençaient quand même par un cours, nécessaire pour préparer le corps à la longue journée de danse, suivi de répétitions, puis du spectacle en soirée.

Comme vous pouvez le voir sur la photo, il n’y a pas énormément de places dans l’opéra, mais c’était plein, et sans distanciation. Les Estoniens sont réputés pour sortir régulièrement au théâtre, et la pause COVID a été dure sur le moral. Ces galas, c’était aussi une façon de montrer que la vie reprend, en tout cas, par ici!

Les deux représentations ont bien été, mais j’ai une préférence pour la première. Après le salut final, des bouquets de fleurs sont distribués au danseurs. Ils viennent souvent de commanditaires ou de la famille, et sont généralement destinés aux chorégraphes et solistes. Sauf que, ce soir-là, il y avait en plus… un gros bouquet de roses pour moi! Mon amoureux, qui ne pouvait pas venir, m’a quand même fait livrer des fleurs depuis l’autre bout du monde!!!!! De quoi rendre ce spectacle encore plus spécial.

Et puis dimanche, c’était le deuxième gala, et dernière scène pour moi. Un moment savoureux et triste à la fois. Après presque 25 ans à rêver de ballet, à danser un peu partout en Europe de l’Est, à poursuivre coûte que coûte mon objectif, me voilà enfin à mettre un point final à toute cette épopée. Là-dedans, beaucoup de souvenirs merveilleux que je trouve dur de laisser derrière, et en même temps, beaucoup de douleur physique et mental que je n’ai plus besoin de subir. C’est une fin, d’une partie tellement grande de ma vie qui me laisse un petit vertige de vide, par contre je suis soulagée d’avoir réussi à réaliser mon rêve et de le finir sous les applaudissements. Maintenant, je peux me soigner. Maintenant, je peux manger quand j’ai faim. Maintenant, je peux me reposer quand je suis fatiguée. Et maintenant, je peux danser, et ce n’est pas grave si ce n’est pas parfait. Plus de pression, plus de sacrifice. Je les ai tous faits, j’en suis très fière, fière de où ça m’a menée, fière de comment ça se termine. Et maintenant, je me tourne vers d’autres rêves à réaliser…

Et pour finir sur une note moins dramatique, le stage s’est clôturé par une réception très huppée de vins, bouchées et gâteau. Le genre que je ne sentais pas que j’avais le droit de manger tellement c’était chic. Je veux dire, il y avait de l’or sur le gâteau!! On a vraiment été gâté par les organisateurs du stage, qui nous ont remis un diplôme et quelques souvenirs. Une excellente façon de marquer cet accomplissement, tout en faisant découvrir des saveurs locales comme du renne et du caviar. Ça m’a mis l’eau à la bouche pour les quelques jours qu’il me reste en Estonie!

Un merci spécial à tous ceux qui m’ont soutenue pendant mes années de danse, plus particulièrement la réalisation de ce dernier projet, qui a été plus précaire avec la Covid et mes problèmes de santé. La danse est avant tout une histoire de partage, merci d’en avoir fait partie!

Je recevrai prochainement des photos et vidéos de ces événements que je pourrai partager ici. Je vais aussi visiter beaucoup d’endroits dans les prochains jours dont je vais parler. C’est parti pour découvrir, en express, l’Estonie en-dehors du centre-ville de Tallinn!