C’est extrêmement bizarre d’écrire ça, parce que s’il y a bien une chose pour laquelle l’Estonie est connue (surtout que ce n’est déjà pas tellement connu à la base) c’est pour sa beauté. Le centre-ville historique de Tallinn, la capitale, est dans le patrimoine préservé de l’Unesco et considéré par plusieurs comme le plus beau de l’Europe (je vérifierai…). Les guides touristiques sur l’Estonie vantent principalement la beauté de sa nature sauvage, des forêts denses, des centaines d’îles, des réserves naturelles à la faune et flore rare. Donc, moi qui rêve de bloc gris… on ne dirait pas que je suis à la bonne place!!

Et pourtant, comme l’Estonie a fait partie pendant environ 70 ans de l’Union Soviétique, elle n’a pas échappé à la vague de blocs. C’est juste que ce n’est pas disons un attrait habituel. Et, pour faire suite à mon dernier article sur la reconstruction de l’identité nationale dans les Balkans, l’Estonie a aussi voulu, à sa sortie de l’URSS en 1991, se concentrer sur ses racines et traditions, et tenter de mettre de côté les décennies soviétiques pour se redéfinir une identité propre. Évidemment, ce n’est pas si facile à faire, surtout, comme on l’a vu, qu’une bonne partie de la population est d’origine ethnique russe. Et dans le domaine de l’architecture, même si ce sont les maisons traditionnelles ou les bâtisses du patrimoine qui sont mises de l’avant, ça n’efface pas les milliers de blocs qui ont été construits à l’époque communiste et qui servent encore aujourd’hui. Et c’est là que ça devient intéressant!
Le tourisme communiste est quelque chose qui existe, généralement sous forme de tours guidés. Par exemple, il est possible de le faire dans Tallinn, pour visiter les principaux points marquants du régime politique dans la ville, dont la prison soviétique Patarei ou l’ex-quartier général du KGB. Le musée du KGB permet aussi d’en apprendre un peu plus sur cette période. Des tours plus longs sur la route font visiter des monuments soviétiques sur le territoire de l’Estonie, comme le curieusement formé bâtiment Okta Centrum, plus au centre du pays. Ça semble très intéressant, mais ce sont des vestiges relativement connus, abandonnés ou transformés pour être informatifs. Ce qui m’intéresse encore plus, c’est de photographier des blocs habités, des structures encore en fonction, des traces brutalistes qui se sont glissées dans notre ère. Alors, l’idéal est de chercher des études académiques sur les projets d’architecture soviétiques, pour localiser l’emplacement des regroupements de blocs. C’est d’ailleurs sur l’un deux que j’ai fait ma recherche pour un cours, le quartier Väike-Õismäe. Il fait partie des trois qui ont été des essais pour tenter de loger vite et mieux la population de l’URSS à Tallinn. Et ils figurent évidemment tout en haut de ma liste d’endroits à aller visiter! Ces quartiers sont en périphérie du centre-ville, loin des touristes, donc ce sera une façon de se plonger à la fois dans le quotidien des habitants de Tallinn d’aujourd’hui, et de constater l’ampleur de l’emprise soviétique sur la ville. Ce sera une bonne façon de voir comment une ville moderne avec un important patrimoine historique gère son passé communiste dans le domaine de l’urbanisme. J’ai bien hâte de m’éloigner du centre pour faire le plein de blocs gris, et documenter ce sujet pour le raconter ici! Du brutalisme pas grandiose comme les monuments sélectionnés des tours guidés, bien ordinaire, et bien fascinant.

La photo de Tallin donne vraiment une belle impression. On dirait une peinture d’un village imaginaire.
Le quartier Vaike Oismae semble gigantesque. Vu d’en bas ça sera très différent.
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Oui surtout qu’on voit presque juste des photos aériennes!
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