
En-dehors du fait que c’est vraiment passionnant de lire des textes sur des blocs ou de regarder un documentaire sur leur aménagement comme devoir (mettons que j’ai trouvé le cours parfait pour moi!), étudier l’urbanisation, ça a quand même une réelle utilité dans la vie de tous les jours, et particulièrement dans un contexte post-socialiste.
L’héritage le plus imposant de la période socialiste dans l’Europe de l’Est paraît dans les milliers de blocs appartements et autres vestiges de l’architecture brutaliste. Bien que ce soit eux qui attirent toute l’attention, l’aménagement urbain qui venait avec et organisait la construction des blocs laisse aussi des traces dans les villes d’aujourd’hui, et des défis à relever.
La façon de prédilection d’organiser les villes afin de les rendre plus modernes, d’attirer les populations rurales, et de favoriser l’industrialisation des pays, était la panification centralisée. En gros, pour les villes déjà existantes avec un centre culturel et historique, des nouvelles usines étaient bâties aux périphéries, et les blocs appartements tout autour. Ce qui faisait que les travailleurs peu ou pas qualifiés (majoritairement nouvellement arrivés des régions rurales) habitaient aux abords des villes, tandis que les gens de rangs sociaux plus élevés (les politiciens par exemple) résidaient dans les demeures plus spacieuses du centre-ville. Pour l’équité prônée par le socialisme, on repassera, et j’en reparlerai plus en détails parce que c’est un aspect réellement fascinant! Mais ça a contribué à créer une différentiation sociale qui persiste aujourd’hui.
Par contre, l’idéologie socialiste restait quand même dans les plans. Pour rentabiliser le temps de productivité des ouvriers dans les industries, ils devaient nécessairement habiter proche de leur usine. De façon un peu poussée à l’extrême, le but était que chaque travailleur, peu importe son bloc de résidence, se trouverait à égale distance des services (hôpital, école, lieu de travail, marché, etc.). Les villes se sont donc mises à être organisées en microrayons, ou quartiers, comprenant chacun toutes les commodités nécessaires, qui elles sont à peu près situées au centre d’un tas de blocs (d’où le rayon), lui-même près d’une usine. Bon évidemment, ça n’a pas été un succès au centimètre près, mais l’idée est là. Ce qui a surtout été compliqué, c’est que pour répondre à la demande beaucoup trop élevée d’appartements (les gens ont répondu en masse à l’appel de la ville), les délais de construction pour les blocs étaient plus courts que pour par exemple un hôpital. Donc au final les résidents des blocs d’une certaine partie de la ville devaient quand même se rendre plus loin dans un autre microrayon pour être soignés.
Cette façon d’organiser n’est pas mauvaise en soi, mais elle fonctionne mieux dans un décor socialiste, et la transition de ces pays vers une économie plus capitaliste a dû en tenir compte. De même, trente ans plus tard, les inégalités urbaines (gens moins fortunés aux abords de la ville, strates privilégiées au centre) et la ségrégation causée par l’attribution des blocs (par exemple, tous les ouvriers d’une telle usine étaient logés dans le bloc à côté construit spécialement pour) crée encore des tensions. C’est donc pertinent d’étudier le sujet pour tenter d’amener des solutions. C’est aussi intéressant de constater comme le paysage urbain est différent de ce que nous connaissons ici. De manière générale, les blocs sont plus situés au centre-ville, et les quartiers plus aisés en périphérie! Étudier l’histoire de l’aménagement urbain permet de comprendre son impact sociologique et les répercussions actuelles, pour d’essayer d’améliorer la situation et favoriser la transition vers un nouveau modèle économique. Par exemple, même si aujourd’hui les appartements ne sont plus attribués par l’état et peuvent être choisis par les locataires, des préjugés subsistent envers certains quartiers, ou encore, le prix des loyers empêche des gens de s’établir dans un nouveau quartier.
Un dernier exemple plus cocasse: toujours dans l’optique de l’égalité absolue, les planificateurs socialistes avaient dans l’idée que les résidents des blocs se déplaceraient à pied, vu que tout serait proche, ou en transport en commun au besoin. Ils n’envisageaient pas du tout que, quelques années plus tard, les déplacements en voiture seraient préférés. L’espace a donc été maximisé pour construire le plus de blocs possibles… Sans prévoir (ou peu) d’espace de stationnement entre! Dans le centre des villes plus importantes (donc avec plus de budget), la situation ressemble au Vieux Québec, avec des espaces de stationnement désignés dans les rues. Mais dans les quartiers plus éloignés, et dans les villes plus provinciales, ça crée un peu plus de problèmes. Les autos sont stationnées dans des champs autour des blocs, ou en « tetris » pour maximiser l’espace trouvé. Tant pis pour les piétons, les autos se stationnement sur les trottoirs! Un autre défi certain pour les urbanistes d’aujourd’hui…



Ce qui est aussi particulier en Europe, c’est qu’ils n’ont pas à respecter le sens de la circulation pour stationner en parallèle ce qui crée le chaos dans nos cerveaux bien formatés à l’ordre feng shui de nos rues.
Z’avez déjà joué à ça, Tetris, sur Pontchartrain en hiver, non ?! 😏
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Ça a vraiment été formateur pour apprendre à se stationner en tout cas!
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Intéressant cette perpective du développement des banlieues. Effectivement sur Pontchartrain a une époque pas si lointaine l’espace nous manquait. A défaut d’avoir un trottoir nous avions un tantinet empiété sur notre fond ernpropriété gazonnée.
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Il fallait bien pour le garage des Volvos!
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